MAURICE LANOT (1914 – 1985)
CURE DE MIFAGET ET DE CAPBIS
Maurice Lanot est né le 24 mai 1914 à Arthez d’Asson dans une famille d’agriculteurs. Il est le dernier d’une fratrie de trois garçons et une fille.
Son enfance à la campagne est heureuse malgré les difficultés de l’époque. Ses parents éduquent les quatre frères et sœur sans faiblesse et leur font suivre des études secondaires. Un sacrifice fou, étant donné les modestes moyens de la famille et malgré les maigres bourses accordées ! Sa mère, en particulier, une femme à la forte personnalité, se dévoue corps et âme à sa famille après avoir surmonté les épreuves d’un premier veuvage. Elle gère le foyer en se saignant aux quatre veines et réussit même à acheter un piano en empruntant à une fille d’un premier mariage, émigrée aux U.S.A.
Le jeune Maurice est drôle, extraverti, sociable et ouvert aux autres. Il est aussi très doué : sans avoir jamais pris de leçons, il sait lire la musique, jouer du piano, chanter des mélodies qu’il improvise. Déjà, il montre une indépendance d’esprit et une vivacité de réplique dont il ne se départira plus sa vie durant.
Sa scolarité se déroule normalement au collège des séminaristes de Nay où ses deux frères font aussi des études. A 18 ans, il est atteint par une mauvaise pleurésie qui laissera certainement des traces sur sa santé.
Après ses études au grand séminaire de Bayonne, Maurice Lanot est ordonné prêtre puis devient professeur de français, latin et grec à la maîtrise de Bayonne où, quatre années durant, pendant la guerre, il encadre toutes les activités des classes de 6ème et de 5ème. Mais épuisé par cette mission à laquelle il se donne totalement, il demande sa mutation vers sa campagne natale et est nommé en 1944, curé de Mifaget et de Capbis. Il y restera jusqu’à la fin de sa vie : 41 ans !
Un curé hors du commun, de l’avis général, qui, sous les apparences de la quotidienneté générale, a marqué la société locale d’une empreinte que le temps n’efface pas : « les gens le voyant pour la première fois étaient fortement impressionnés ».
Un curé de terrain qui, en dehors des devoirs de sa charge scrupuleusement remplis, est en contact étroit avec les gens, sait les écouter, les comprendre et leur apporter généreusement un soutien moral, amical ou matériel.
Un curé qui s’occupe beaucoup des jeunes en organisant des animations culturelles, avec une préoccupation éducative constante, dans le cadre du vaste mouvement promotionnel de la J.A.C. (Jeunesse Agricole Chrétienne).
Un curé doué pour la parole. Ses sermons dominicaux sont éblouissants : « un feu d’artifice verbal ». De sa voix puissante de diseur et de chanteur béarnais, il peut improviser sur n’importe quel thème, des plus sociaux aux plus théologiques comme le signe de la croix pour lequel il fait « un véritable tabac » à Bétharram au cours des années 70.
Un curé doué pour l’écriture. Pendant plusieurs années, il publie dans la presse locale sous le pseudonyme « lou moulié de houn barrade », une chronique hebdomadaire intitulée « causes de nouste ». Il s’agit d’histoires savoureuses écrites dans la langue béarnaise que l’on peut lire, avec la traduction française, dans un recueil réalisé à la demande de Pierre Lanot, son frère, par une équipe d’amis et d’admirateurs ( Causes de nouste – Lou moulié de houn barrade – Préface de Pierre Tucoo-Chala).
Un de ses amis très proche, Léonce Condou de Mifaget, disait récemment, en conclusion d’une émission sur « Radio Pau Béarn » que « Maurice Lanot était un homme au grand cœur, fidèle à ses racines terriennes, attentif aux autres, à tous les autres sans exclusive. Un prêtre dont la parole savait trouver le chemin du cœur et des âmes, un prêtre pré-conciliaire sachant adapter la liturgie de façon originale et équilibrée… Un mystique aussi, qui, avec ses souffrances, ses certitudes et ses incertitudes, était profondément enraciné dans la terre des Hommes »
Maurice Lanot est resté actif jusqu’à la fin de sa vie malgré un état de faiblesse physique extrême. Il décède dans une clinique bordelaise le 10 août 1985 à l’âge de 81 ans, rongé, épuisé et amaigri par une fièvre maligne non diagnostiquée.
Biblio. : recueil « Causes de nouste », témoignages divers,
Page rédigée par PierreA – Mise à jour : 30-09-2009 / PA